martes, 13 de marzo de 2018

Entrevue à Zineb Triki

ENTREVUE À ZINEB TRIKI
ATELIER ARTERRE, MARRAKECH, LE 12 SEPTEMBRE 2017

Júlia : Bonjour Zineb. Zineb Triki est une artiste plasticienne de Marrakech qui va nous exposer un petit peu la situation actuelle de la céramique marocaine.

Zineb : Bonjour. Alors, pour parler un peu de la céramique moderne contemporaine… Est-ce qu’il y a un intérêt ou il n’y a pas d’intérêt par rapport à la population ici ? On voit qu’il y a un petit changement dans ce sens. On a  la céramique ancienne qui se fait, qui se perd un petit peu et celle qui est un peu inspirée de l’ancienne qu’on essaie de renouveler, de lui redonner une autre vie, qui fonctionne un peu.
Il n’y a pas beaucoup d’ateliers qui fonctionnent mais on voit quand même un petit intérêt au niveau des formes et couleurs qui changent. Il s’inspire un peu de tout ce qui se fait maintenant avec internet les gens ont un peu de contact avec l’extérieur…

J : Il y a beaucoup d’information.

Z : Il y a beaucoup d’information et les gens, ils essaient de fabriquer. Il y a beaucoup d’étrangers qui viennent et qui dessinent et qui donnent à des artisans. Donc, l’artisan va rajouter un petit peu sa petite graine pour essayer de redonner un autre souffle à la céramique.
Donc, il y a deux ou trois grands ateliers qui fabriquent de la céramique de basse température, parce qu’ici au Maroc il y a que la basse température, avec des couleurs qui viennent de l’étranger. On ne fabrique pas de couleurs, c’est souvent en Espagne ou au Portugal pour ce ravitaillement de matière  première de matière première. La terre, elle existe ici, quand on veut faire de la bonne qualité on ramène d’Espagne, des argiles rouges ou blanches d’Espagne ou Portugal toujours. Les émaux aussi, pareil on ramène…

J : Tous importés.

Z : Donc, pour ce qui est des formes, on disait là, les étrangers… Il y a beaucoup de français et d’anglais qui ramènent un peu… donnent cette vision un peu moderne en s’inspirant de formes anciennes. On peut voir dans les « concept store » beaucoup de pièces modernisées.

J : Alors, c’est bien.

Z : Des sculptures aussi, parce qu’avant on ne faisait pas de sculptures, pas du tout. Alors il n’y a pas la culture de sculpture là…

J : Seulement l’utilitaire…

Z : Juste l’utilitaire et il y a des céramiques anciennes qu’on retrouve, du sud, et qui s’utilisent comme si s’était de la céramique moderne. C’est tellement brut et ça fait presque contemporain.

J : Zineb, tu as étudié  à l’école d’art de Granada il y a quelques années, en faisant le degré supérieur de céramique. Est-ce qu’il y a ici aussi une école spécialisée en céramique pour les jeunes ?

Z : Alors, on commence à voir un peu plus d’initiatives dans ce sens et il y a un nouveau centre très bien équipé, très intéressant où ils ont récupéré les meilleurs maîtres potiers ou maîtres un peu de chaque discipline, il y a les métaux et tout ça… Donc c’est exactement le même concept que l’école où j’étais en Espagne. Ils reprennent un peu cette idée de vouloir récupérer les arts traditionnels, parce que comme c’est entré en désuétude un peu, même si les arts traditionnels au Maroc sont très demandés, il y a un  bas niveau des apprentis, parce que tous les grands maîtres sont maintenant âgés et les jeunes ne veulent plus travailler. Donc ils essaient un peu de faire un peu de promotion dans ce sens et le centre est très bien fait.

J : Peut-être qu’il y a un bon avenir alors.

Z : On essaie mais bon… Est-ce qu’il y a un avenir? Oui. Je pense que de toutes ces écoles, s’il y a dix élèves il peut y en avoir un ou deux  qui peuvent s’en sortir et faire quelque chose de bien après. Mais même comme à Grenade moi je vois de ma génération et des autres années qui ont suivi, il n’y a pas eu beaucoup de personnes qui ont suivi le parcours qu’ils ont voulu. Il y en a peut-être deux qui ont ouvert leurs ateliers et qui continuent à travailler dans ce sens. Mais bon, je pense que c’est déjà pas mal.

J : C’est bien.

Z : Bon, de ma génération je suis peut-être la seule… non, il n’y a deux qui ont suivi sur la voie.

J : Finalement, tu as été quelques fois aussi à Aïn Bouchrik avec Aïcha en faisant un échange avec l’école de Granada…

Z : Oui, on a fait un stage avec le Centro Albayzín à Granada, c’est l’ancien couvent restauré et comme c’est dirigé vers le patrimoine, on a fait une demande à l’école, on a eu une espèce de bourse et on a pu quand même emmener tous les étudiants avec le maître potier, nos professeurs…

J : C’était une richesse pour vous…

Z : Oui, c’était, la vérité,  très intéressant, très très très gratifiant. C’était une expérience extraordinaire et que je recommande.

J : Oui, oui.

Z : Surtout parce que c’est en voie de disparition.

J : De ton regard, est-ce que tu vois possible sa récupération comme centre potier féminin du Rif, maintenant ?

Z : Je pense qu’avec beaucoup de persévérance on peut arriver à faire quelque chose. Le fils d’Aïcha… Entre Aïcha, le fils d’Aïcha et des gens de l’étranger, s’il y a des gens qui collaborent, il faut beaucoup de persévérance mais c’est vraiment un projet qui faudrait peut-être faire.

J : Alors il y a un peu d’espoir.

Z : Moi, je dirais… enfin, je suis partante… et si vous êtes partante pour faire,  il faut faire un bon groupe pour essayer de sauver un peu ce qui se fait et tout ce qui est en relation avec la symbolique, les formes… Il ne faut pas perdre tout ça, il y a des livres qui ont été faits et c’est très bien déjà, donc il y a un intérêt. Il y a un intérêt. C’est des petites gouttes qui font peut-être un petit quelque chose. Je pense qu’il faut vraiment faire quelque chose là. Il faut essayer, moi je suis partante.
Si moi, j’ai l’espoir, et un autre personne qui a l’espoir et on essaie de… il faut le temps. Maintenant il y a trop de choses… On est dans le superflu et il y a… trop de choses.

J : Exporter ça à l’extérieur, le fait que c’est possible de faire des stages comme tu avais fait…

Z : Il y a eu Julio Soriano qui a fait un documentaire. D’ailleurs c’est à travers lui que nous on a découvert ça et quand on a vu le documentaire on a dit « bon, il faut absolument y aller et l’essayer de faire ». Nous, de notre côté on a fait aussi un espèce de répertoriation du matériel et tout cela, donc si on arrive à une bonne base de données, avec un bon dossier…

J : C’est bien, c’est parfait.

Z : Il faut faire quelque chose, il faut bouger, il faut sortir le temps pour faire quelque chose.

J : Oui, le temps… Bon, merci Zineb, merci beaucoup pour ton temps.

Z : Merci à vous.

J : Et à la prochaine

Z : Inshallah

Atelier Arterre, space de travail de Zineb Triki


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