ATELIER ARTERRE,
MARRAKECH, LE 12 SEPTEMBRE 2017
Júlia :
Bonjour Zineb. Zineb Triki est une artiste plasticienne de Marrakech qui va
nous exposer un petit peu la situation actuelle de la céramique marocaine.
Zineb :
Bonjour. Alors, pour parler un peu de la céramique moderne contemporaine…
Est-ce qu’il y a un intérêt ou il n’y a pas d’intérêt par rapport à la
population ici ? On voit qu’il y a un petit changement dans ce sens. On a la céramique ancienne qui se fait, qui se perd
un petit peu et celle qui est un peu inspirée de l’ancienne qu’on essaie de
renouveler, de lui redonner une autre vie,
qui fonctionne un peu.
Il n’y a pas
beaucoup d’ateliers qui fonctionnent mais on voit quand même un petit intérêt
au niveau des formes et couleurs qui changent. Il s’inspire un peu de tout ce
qui se fait maintenant avec internet les gens ont un peu de contact avec
l’extérieur…
J : Il y a
beaucoup d’information.
Z : Il y a
beaucoup d’information et les gens, ils essaient de fabriquer. Il y a beaucoup
d’étrangers qui viennent et qui dessinent et qui donnent à des artisans. Donc,
l’artisan va rajouter un petit peu sa petite graine pour essayer de redonner un
autre souffle à la céramique.
Donc, il y a deux
ou trois grands ateliers qui fabriquent de la céramique de basse température,
parce qu’ici au Maroc il y a que la basse température, avec des couleurs qui
viennent de l’étranger. On ne fabrique pas de couleurs, c’est souvent en
Espagne ou au Portugal pour ce ravitaillement de matière première de matière première. La terre, elle
existe ici, quand on veut faire de la bonne qualité on ramène d’Espagne, des
argiles rouges ou blanches d’Espagne ou Portugal toujours. Les émaux aussi, pareil
on ramène…
J : Tous
importés.
Z : Donc, pour
ce qui est des formes, on disait là, les étrangers… Il y a beaucoup de français
et d’anglais qui ramènent un peu… donnent cette vision un peu moderne en
s’inspirant de formes anciennes. On peut voir dans les « concept
store » beaucoup de pièces modernisées.
J : Alors,
c’est bien.
Z : Des sculptures
aussi, parce qu’avant on ne faisait pas de sculptures, pas du tout. Alors il
n’y a pas la culture de sculpture là…
J :
Seulement l’utilitaire…
Z : Juste
l’utilitaire et il y a des céramiques anciennes qu’on retrouve, du sud, et qui
s’utilisent comme si s’était de la céramique moderne. C’est tellement brut et ça
fait presque contemporain.
J : Zineb,
tu as étudié à l’école d’art de Granada
il y a quelques années, en faisant le degré supérieur de céramique. Est-ce
qu’il y a ici aussi une école spécialisée en céramique pour les jeunes ?
Z : Alors,
on commence à voir un peu plus d’initiatives dans ce sens et il y a un nouveau
centre très bien équipé, très intéressant où ils ont récupéré les meilleurs
maîtres potiers ou maîtres un peu de chaque discipline, il y a les métaux et
tout ça… Donc c’est exactement le même concept que l’école où j’étais en
Espagne. Ils reprennent un peu cette idée de vouloir récupérer les arts
traditionnels, parce que comme c’est entré en désuétude un peu, même si les
arts traditionnels au Maroc sont très demandés, il y a un bas niveau des apprentis, parce que tous les
grands maîtres sont maintenant âgés et les jeunes ne veulent plus travailler.
Donc ils essaient un peu de faire un peu de promotion dans ce sens et le centre
est très bien fait.
J :
Peut-être qu’il y a un bon avenir alors.
Z : On
essaie mais bon… Est-ce qu’il y a un avenir? Oui. Je pense que de toutes ces
écoles, s’il y a dix élèves il peut y en avoir un ou deux qui peuvent s’en sortir et faire quelque
chose de bien après. Mais même comme à Grenade moi je vois de ma génération et
des autres années qui ont suivi, il n’y a pas eu beaucoup de personnes qui ont
suivi le parcours qu’ils ont voulu. Il y en a peut-être deux qui ont ouvert
leurs ateliers et qui continuent à travailler dans ce sens. Mais bon, je pense
que c’est déjà pas mal.
J : C’est
bien.
Z : Bon, de
ma génération je suis peut-être la seule… non, il n’y a deux qui ont suivi sur
la voie.
J :
Finalement, tu as été quelques fois aussi à Aïn Bouchrik avec Aïcha en faisant
un échange avec l’école de Granada…
Z : Oui, on
a fait un stage avec le Centro Albayzín à Granada, c’est l’ancien couvent
restauré et comme c’est dirigé vers le patrimoine, on a fait une demande à
l’école, on a eu une espèce de bourse et on a pu quand même emmener tous les
étudiants avec le maître potier, nos professeurs…
J : C’était
une richesse pour vous…
Z : Oui,
c’était, la vérité, très intéressant,
très très très gratifiant. C’était une expérience extraordinaire et que je
recommande.
J : Oui,
oui.
Z : Surtout
parce que c’est en voie de disparition.
J : De ton
regard, est-ce que tu vois possible sa récupération comme centre potier féminin
du Rif, maintenant ?
Z : Je pense
qu’avec beaucoup de persévérance on peut arriver à faire quelque chose. Le fils
d’Aïcha… Entre Aïcha, le fils d’Aïcha et des gens de l’étranger, s’il y a des
gens qui collaborent, il faut beaucoup de persévérance mais c’est vraiment un
projet qui faudrait peut-être faire.
J : Alors il
y a un peu d’espoir.
Z : Moi, je
dirais… enfin, je suis partante… et si vous êtes partante pour faire, il faut faire un bon groupe pour essayer de
sauver un peu ce qui se fait et tout ce qui est en relation avec la symbolique,
les formes… Il ne faut pas perdre tout ça, il y a des livres qui ont été faits
et c’est très bien déjà, donc il y a un intérêt. Il y a un intérêt. C’est des
petites gouttes qui font peut-être un petit quelque chose. Je pense qu’il faut vraiment faire quelque chose là. Il faut
essayer, moi je suis partante.
Si moi, j’ai
l’espoir, et un autre personne qui a l’espoir et on essaie de… il faut le
temps. Maintenant il y a trop de choses… On est dans le superflu et il y a…
trop de choses.
J : Exporter
ça à l’extérieur, le fait que c’est possible de faire des stages comme tu avais
fait…
Z : Il y a
eu Julio Soriano qui a fait un documentaire. D’ailleurs c’est à travers lui que
nous on a découvert ça et quand on a vu le documentaire on a dit « bon, il
faut absolument y aller et l’essayer de faire ». Nous, de notre côté on a
fait aussi un espèce de répertoriation du
matériel et tout cela, donc si on arrive à une bonne base de données, avec un
bon dossier…
J : C’est
bien, c’est parfait.
Z : Il faut
faire quelque chose, il faut bouger, il faut sortir le temps pour faire quelque
chose.
J : Oui, le
temps… Bon, merci Zineb, merci beaucoup pour ton temps.
Z : Merci à
vous.
J : Et à la
prochaine
Z : Inshallah
Atelier Arterre, space de travail de Zineb Triki |
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